Strasbourg - Claude HOLLÉ. Un évêque proche de l’extrême Droite.

, par Claude Hollé

Un évêque proche de l’extrême droite.
AVIS DE TEMPÊTE SUR L’ARCHEVÊCHÉ DE STRASBOURG.

Le futur archevêque de Strasbourg, Luc Ravel (proposé par le Vatican et agréé par l’Exécutif de la République laïque en fonction du Concordat applicable en Alsace et Moselle), a livré sa vision de la France dans la revue de l’aumônerie militaire catholique aux armées (AGMIL) dans le numéro de février 2015 où il officiait en tant qu’évêque aux armées.

Il entend parler comme un « homme libre », dépourvu d’idéologie, mais il développe un corpus idéologique bien constitué autour de la position du chrétien pris « entre deux idéologies terribles, deux pensées de mort ».
Il distingue deux sortes de terroristes correspondant à ces deux idéologies :
· « Les terroristes de la bombe, vengeurs du prophète ».
· « Les terroristes de la pensée, prescripteurs de la laïcité, adorateurs de la République », adeptes de la « bienpensance ».

Entre les deux terrorismes, il désigne le plus meurtrier et ce n’est pas celui que l’on pense :
Les islamistes « viennent de faire 17 victimes en France » (attentat contre Charlie hebdo) alors que la bienpensance « fait chaque années 200 000 victimes dans le monde dans le sein de leur mère. L’IVG, devenue droit fondamental est une arme de destruction massive. »
Dans la même veine, il dénonce « les folies de l’euthanasie, du mariage pour tous et autres caricatures de Charlie Hebdo »

En fin de texte il dénonce à nouveau « la laïcité (agressive)… Les valeurs libertaires, irréligieuses, amorales… Les valeurs déifiées et erronées » qui constituent « la caricature de la France ».

Ce corpus idéologique est bien connu, il s’apparente à celui de l’extrême Droite cléricale avec son aversion pour la laïcité et même pour les « adorateurs » de la République. La construction de la République, face à l’Ancien régime, au Bonapartisme, à la Restauration, aux forces conservatrices et réactionnaires a été un long combat au cours du XIXe et du début du XXe siècle. C’est un héritage que chaque citoyen doit préserver quelles que soient ses références religieuses, s’il en a.

Comme « solution » aux deux « terrorismes », il estime qu’il faut se méfier des idées et « aller vers l’homme concret, individuel, de chair et d’os…l’homme libre. ». L’indigence de la définition ne trouble pas l’auteur. Nous devinons que l’homme libre est celui qui ne se pose pas de questions et qui n’est pas assailli par la pensée et les libertés qui l’accompagnent.

Quant aux chrétiens, pris entre les deux « terrorismes », ils doivent :
· aller « à l’homme individuel. » (l’homme libre)
· Défendre la famille, institution divine : «  Nous devons dire non à toute forme de colonisation idéologique qui viserait à détruire la famille »
· Défendre la nation, autre institution divine. « Et s’il doit combattre dans les rangs de son armée, il le fait sans honte et sans retenue. »

« La cause de l’homme, le camp de Dieu s’incarne ainsi dans l’homme, la famille, la nation. » Ainsi il est possible « de s’opposer au terrorisme islamique sans donner raison au terrorisme contre Dieu. »
Depuis des dizaines d’années, en Europe, aucun dignitaire de l’Église catholique, n’avait tenu publiquement, des propos aussi outranciers.

En réponse aux critiques suscitées par ses prises de position, Mgr Ravel indique qu’il « assume pleinement » ses propos, même « s’il faut y mettre toutes les nuances, à savoir que ceci ne portait aucun jugement sur les personnes dont les situations peuvent pousser à ce que nous vivons comme un drame qui s’appelle l’IVG. ».
Il assure « ne prêcher que Vatican II »
En complément de sa référence à la nation « institution divine » , Mgr Ravel, dit être solidaire « de la société et en particulier de la patrie ».
Les propos de Mgr Ravel visent en fait l’État français et son régime la République dont il a violemment dénoncé « la somme des valeurs libertaires, irreligieuses, amorales…déifiées et erronées ». Il parle au nom de « l’autorité prophétique de l’Église. »
Certes, de tels propos ne tombent pas en eux-mêmes sous le coup de la loi, mais s’attaquant à l’État et à la République laïque, ils s’inscrivent dans ceux des courants catholiques-conservateurs ultras, qui ont resurgi avec « la manif pour tous. »

Dieu, Famille, Nation voilà le tryptique qui fait un « homme libre » selon le futur archevêque de Strasbourg qui fustige, comme au temps du Syllabus, les principes qui fondent l’état de droit, la démocratie, la liberté de conscience et de pensée, principes auxquels se réfèrent, à travers le monde, les hommes encore privés des droits fondamentaux.
Dans un État de droit, et qui plus est dans la République laïque, c’est la loi commune qui s’applique et organise le vivre ensemble et non les préceptes d’une religion quelle qu’elle soit.

Pour Laïcité d’Accord.
Claude Hollé
Secrétaire général de l’association.