Editorial

Un coup de gueule par Agnès Perrin Deuxième tour des Présidentielles.

, par Agnès PERRIN DOUCEY

« La Conférence des Évêques de France refuse la construction d’un front républicain »

Contrairement aux représentants des religions protestante, juive et musulmane, aux principales organisations humanistes laïques ou aux différentes obédiences maçonniques, la Conférence des Évêques de France refuse la construction d’un front républicain et n’appelle donc pas explicitement les citoyens français catholiques à voter Emmanuel Macron, non pas conviction mais par « devoir moral ».
Le Pape qui prétend défendre les migrants veut se tenir à distance de l’élection française, au prétexte qu’il ne connait pas les candidats. Ou plus exactement « qu’il ne connait pas Emmanuel Macron ».

Quelle sidération !

Ainsi, pensent-ils peut-être, via l’exercice politique du ministère des âmes, imposer à tous des valeurs liées à leurs croyances, j’ai nommé les positions portées par le mouvement Sens Commun à qui leur silence donnent des gages bien encombrants. Il s’agit encore de défendre et d’imposer à toute une société l’idée d’une famille traditionnelle qui ne s’ouvre ni à d’autres formes de sexualité, ni à de possibles décompositions et recompositions ; le refus fait à chacun de gérer sa vie en toute conscience : droit à l’avortement, droit à mourir dans la dignité. Etc.

Pour défendre ces thèses, les porte-paroles des Evêques de France rejoignent les positions extrêmes de toute tendance : ne pas choisir entre recul traditionnaliste et modernité, ne pas choisir entre racisme et libéralisme, ne pas choisir entre enfermement sur soi et humanisme. En ce sens, ils s’opposent même au fondement de leur ministère : la parole de Jésus qui, si on en croit la légende était du côté des pauvres et des déshérités, qui était un homme engagé jusqu’à donner sa vie pour ne pas renier ses convictions.
Ils nous renvoient aux pires heures passées : celles où le politique et le religieux étaient en permanence associés au détriment de la liberté de conscience. Par leur silence et leur refus d’engagement précis et ferme, ils légitiment la dérive violente dans laquelle s’engage notre société. Ils nous rappellent que la laïcité, parce qu’elle combat le cléricalisme, est autant le combat d’aujourd’hui que d’hier.

Ne soyons pas dupes !
Le viol du principe de laïcité par Marine Le Pen les arrange : ils préfèrent habiller nos institutions d’une « fausse-laïcité » qui engagerait la tradition, les racines chrétiennes de la France en lieu et place de la liberté absolue de conscience.
Ils restent catholiques avant d’être citoyens.
Ils réclament aux musulmans d’accepter d’être citoyens avant d’être musulmans.
Cherchons l’erreur !

Ils ont oublié que la France n’est plus la fille ainée de l’Eglise, mais une Patrie construite sur les fondements de l’humanisme et de l’universalisme.
Ils ont oublié que la France est aujourd’hui l’héritière des Lumières !

Au nom de ces Lumières nous avons le devoir de voter massivement pour Emmanuel Macron le 7 mai.

Laïque, humaniste et athée, j’ai été éduquée dans une famille catholique très pratiquante. Je dis souvent que si j’ai refusé de suivre l’engagement spirituel et ls croyances de mes parents, j’ai gardé l’essentiel : les valeurs fondatrices qu’ils ont voulu me transmettre ; le gout de l’engagement au service de l’Autre. J’ai gardé ces valeurs universelles qui guident ma vie et mon engagement citoyen : la bienveillance et le respect envers celui que les chrétiens appellent leur prochain, et que je nomme mon Frère en Humanité.
C’est aussi à eux que je pense en écrivant ces mots, à eux et aux catholiques les plus silencieux qui souhaitent rester fidèles au message de paix guidant leur cheminement spirituel, souvent contre le clergé et le cléricalisme.
Aujourd’hui, je les crois orphelins et désavoués dans leur conviction profonde, la seule qui puisse nous relier.

Agnès Perrin
29-04-2017