"Contre l’antisémitisme l’Appel de Beauvau rassemble".

"Alors que la France est confrontée à une recrudescence des expressions de violence et de haine, en particulier antisémites, nous, responsables des principales familles religieuses, convictionnelles et philosophiques,

voulons ensemble réaffirmer l’indéfectible unité de notre communauté nationale, fondée sur le partage des valeurs et des principes républicains et humanistes, l’ambition de la fraternité et le rejet de
toutes les exclusions.
Les mots, les actes qui visent des Français de confession, de culture ou de tradition juive ou portent atteinte à leur existence, à leur mémoire ou à leur identité, meurtrissent la France tout entière. L’antisémitisme est un délit, jugé par l’Histoire et condamné par la loi. Il ne souffre ni excuse ni banalisation.
C’est pourquoi nous condamnons solennellement tous les actes, toutes les doctrines et tous les discours qui,..."

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Henri Pena-Ruiz

Antisionisme et antisémitisme : pas d’amalgame !

Si l’on veut garder sa force à la lutte contre le racisme, il faut éviter toute confusion entre le rejet d’un peuple et le rejet d’un projet politique. L’antisionisme n’est pas une « forme réinventée d’antisémitisme », comme le prétend Monsieur Macron.
Le fait que des antisémites se déguisent souvent en antisionistes ne prouve nullement l’identité des deux notions. Eichmann se disait kantien…Faut-il rendre Kant responsable de la Shoah ?
Le sionisme est un projet politique inspiré à Théodore Herzl par l’affaire Dreyfus, qui le fit douter de l’intégration des juifs au sein des diverses nations. D’où le projet d’un Etat où les juifs ne seraient plus victimes de discrimination. Mais le titre de son livre paru en 1896 fut ambigü (Der Judenstaat, l’Etat des Juifs, et non Der jüdische Staat, l’Etat juif). Fallait-il prévoir un Etat dévolu aux seuls juifs, ou un Etat pouvant faire vivre ensemble des populations d’origine distincte ? La question devint cruciale avec la Déclaration Balfour du 2 Novembre 1917, par laquelle l’Angleterre jeta les bases d’un foyer national pour les juifs, qui devait être compatible avec les droits civiques des Arabes.

Lors du congrès sioniste de 1942 à New-York, Martin Buber et Judah Magnès plaidèrent pour un Etat bi-national, contre l’avis de David Ben Gourion. Magnès avertit : « Le slogan « Etat Juif » équivaut à une déclaration de guerre aux Arabes ». David Ben Gourion l’emporta. Le drame du peuple palestinien, exilé de la terre où il vivait, en a résulté. Pour lui, les colonies israéliennes, hypocritement rebaptisées « implantations », et la récente décision de la Knesset de consacrer la définition de l’Etat d’Israël comme Etat juif, sont des provocations.
Yitzhak Rabin, pour sa part, avait décidé de faire la paix en partageant la terre. Son assassinat, en 1995, brisa le processus de paix lancé à Oslo. En Israël même, nombre de partisans d’une paix fondée sur la justice et non sur la force critiquent la tournure du sionisme et se déclarent « post-sionistes ». Cette nouvelle notion prouve que le sionisme pose problème, du fait de son ambiguïté. Dès lors pourquoi tenter d’interdire sa critique par un amalgame injurieux ?

Voir en ligne : Appel-de-Beauvau