Editorial du Secrétaire Général de la Fédération Générale des Retraités de la Fonction Publique.
LE COURRIER DU RETRAITÉ - Septembre octobre 2016 N°209
Cet été, avec en toile de fond à peine voilée l’attentat de Nice, les médias ont fait leurs choux gras de l’affaire du burkini. Ils en ont fait une véritable histoire d’état, développant la polémique ad nauseam. Cette question nécessitait-elle que l’on déversât autant d’encre, qu’on abreuvât l’auditeur et le téléspectateur d’autant de paroles et surtout nécessitait-elle autant d’arrêtés municipaux ? Combien a-t-on aperçu de burkinis sur nos plages ?
Certes, ceux qui sont attachés à l’égalité et à l’égale dignité des hommes et des femmes sont choqués par un tel accoutrement dont l’objectif, clairement affirmé, est de cacher l’ensemble du corps des femmes au regard des hommes et, ce faisant, leur attribuer le rang d’objets. Ces comportements doivent être combattus, non par des lois et règlements qui ne font qu’attiser le repli identitaire mais par la raison.
Cette affaire du burkini a été aussi l’occasion, pour ceux qui s’abritent derrière une laïcité à géométrie variable, de dénoncer un retour en force de la religion et, en particulier, de l’islam. Or ce que montre le burkini n’est pas le renouveau des religions mais leur crispation, leur radicalisation face à un phénomène de recul.
La grande tendance de notre siècle est la désaffection religieuse partout dans le monde. Jamais autant d’individus se sont déclarés athées ou agnostiques. Jamais le projet théologico-politique n’a suscité aussi peu d’adhésion.
Dans le monde la part des personnes « religieuses » a baissé de 9 % depuis 2005.
En France, selon un sondage réalisé en 2012, 63 % des français ne s’identifient à aucune religion dont 40 % qui se considèrent comme athée.
Évoquant l’islam en France, le sociodémographe Patrick Simon résume les choses en ces termes « Si l’on doit décrire une mobilité chez les jeunes descendants d’immigrés par rapport à leurs parents, on observe plus une désaffection du religieux qu’une radicalisation. Ce qui n’est pas contradictoire avec l’émergence de petits cercles radicalisés ».
Alors que nous entrons en campagne électorale, on ne peut donc que légitimement s’interroger sur le rôle des médias et le choix des rédactions dans les sujets traités et la place qui leur est consacrée. Selon un sondage paru au début de ce mois 64 % des personnes interrogées privilégient les thèmes économiques et sociaux et seulement 35 % les questions identitaires et sécuritaires.
Michel Salingue Secrétaire général de la FGR-FP