Bon de commande
Les Echos, 29 septembre 1976 : « La France vit au-dessus de ses moyens… quand elle entretient un million de fonctionnaires pour tout simplement rater l’éducation, l’instruction et la formation de la jeunesse. »
Le Point, 29 mars 1980 (éditorial envoyé à tous les chefs d’établissement scolaire) : « Le système d‘enseignement français est un grand invalide, usé, victime d’une dépression nerveuse. » Les instituteurs sont une troupe qui « cherche dans le corporatisme et l’utopie un remède à son écœurement. »
Annie Kriegel, Le Figaro, 22 avril 1982 : « La forme prise par la dégénérescence d’un syndicalisme enseignant devenu monstrueux, est celle d’une hébétude idéologique. »
Violemment hostile, insultant, méprisant vis-à-vis de l’école publique, tel était, en 1970-80, le contexte idéologique et politique, relevé par Guy Georges au fil de ses éditoriaux de L’Ecole libératrice.
A coup sûr, le signe de l’inquiétude des dominants confrontés, à travers les projets d’alors du SNI (L’Ecole fondamentale), du PCF (Reconstruire l’école) et du PS (Libérer l’école), à une réflexion et des propositions renouvelant fondamentalement, de la maternelle à la troisième, la relation des enfants avec le système d’éducation et leurs enseignants, ambitionnant par là même de combattre les inégalités scolaires, déjà alors apparentes et dénoncées. Ces projets ont échoué mais leur actualité reste intacte.
On les trouvera, tous les trois, rappelés dans le présent ouvrage.
Cependant, un projet n’est rien sans le dévouement, la foi de ceux qui le portent.
Au premier rang de ceux-ci, il y eut Guy Georges, évoqué ici dans son environnement familial, régional, pédagogique avec les instituteurs qui le formèrent.
C’est la seconde ambition de ce livre : montrer la profonde unité, la continuité entre l’enracinement d’un homme dans une terre intensément républicaine (elle vit naître Denis Diderot, Alfred Loisy, Louise Michel, …), et la philosophie qu’il y puisa en même temps que la force de la défendre contre vents et marées.
Chemin faisant, sont également évoqués ces hommes et ces femmes de l’ombre, mentors précieux et discrets - instituteurs, institutrices, syndicalistes - maillons occultés et indispensables de la République, qui formèrent des générations d’enfants dans l’amour de celle-ci et le respect de sa double promesse, laïque et sociale.