A propos des JO !

, par Gérard DELFAU

"J’ai apprécié, et même savouré, la belle et longue Cérémonie d’ouverture des JO. [...] Un moment de notre Histoire, qui fera date..."

A propos des JO
J’ai apprécié, et même savouré, la belle et longue Cérémonie d’ouverture des JO. Cinq heures d’un spectacle inoubliable, avec la Seine comme support et comme écrin, avec, en toile de fond, les édifices et monuments impressionnants que les siècles ont légués au Paris d’aujourd’hui, avec le débordement d’énergie et de vitalité que près de 200 nations offraient, ce soir-là, grâce à la France, au reste du monde, tandis que défilaient des milliers d’athlètes prestigieux, hommes et femmes à parité, devant une foule de 300.000 spectateurs vibrant d’un enthousiasme partagé. C’était grandiose. Un moment de notre Histoire, qui fera date. Et il faut remercier le Président de la République, Emmanuel Macron, d’avoir permis sa réalisation et d’avoir su rester discret, économe de mots et de gestes, alors que tant d’autres à sa place auraient cherché à s’en glorifier.
Mais, à la réflexion, là n’est pas l’essentiel. Ce qui frappe avec le recul, c’est le message que les admirables concepteurs de cette Cérémonie ont voulu faire passer, celui d’une France héritière de 1789, républicaine et laïque, accueillante à la diversité, promouvant l’égalité des sexes et des genres ; et ils l’ont fait, dans la durée, tout au long de tableaux successifs, et pas seulement dans les deux séquences qui ont le plus frappé : celle qui évoque la Cène de Léonard de Vinci, et celle de l’ émergence, au sens propre du terme, de ces statues en or de femmes célèbres, qui ont posé des actes en rupture avec l’ordre établi, comme Louis Michel et Simone Veil. Et, d’ailleurs, quel autre pays aurait osé proposer au reste du monde une manifestation officielle de cette ampleur, qui ne soit pas marquée par le « sacré », par la bénédiction, les paroles et les gestes d’une Église instituée ? Ce fut, d’un bout à l’autre, une cérémonie laïque, au sens propre du terme, et donc conforme à ce que représente la France dans le concert des nations. Évidemment les dignitaires des diverses religions, du Vatican aux représentants de l’islam, en passant par les évangéliques et les bouddhistes, ne pouvaient accepter ce qu’ils ont vécu comme une mise à l’écart, comme la négation d’un ordre du monde qu’ils considèrent comme immuable, et qui place la religion au-dessus des lois de la Cité. Ils en ont dénoncé le caractère transgressif, voir subversif. Et, avec eux, les porte-parole de l’extrême droite intégriste, chez nous, tout comme Trump aux États-Unis, ont fait entendre leurs protestations et réclamé une réparation. Ils viennent d’obtenir un lot de consolation, en réunissant, en ce dimanche 4 août, en présence des responsables des JO, un rassemblement interreligieux, sur le parvis de Notre-Dame de Paris, sous le signe de la paix et de la fraternité. Ils ont bénéficié ainsi une fois de plus du régime juridique de Laïcité, qui permet ce type de rassemblement sur la voie publique, alors que, dans une multitude de pays, les minorités religieuses sont réprimées et interdites de manifestation, sans parler du sort tragique réservé aux apostats et aux athées. Oui, en ce moment, je suis fier d’être Français.
Gérard Delfau, 04-08-2024