MALTE : Quand Malte se fait le porte parole du Vatican. Didier MOLINES

, par Didier Molines

Le microscopique État de Malte assure actuellement la présidence tournante de l’Europe. A ce titre, son Premier ministre a pris l’initiative d’organiser une rencontre entre les chefs d’État européens et le chef de l’Église de Rome.

Cette rencontre, prévue le 24 mars, est annoncée par le site EURACTIV.FR.

Ce responsable politique affirme, selon ce site, que « le pape est seul en mesure d’assurer le leadership qui manque aux européens » et le seul en mesure de « donner une vision » pour l’Union Européenne.
Cette position est inacceptable à plus d’un titre.

Bien sûr, elle s’inscrit dans la droite ligne du travail d’influence incessant mené auprès des instances européennes par l’Église catholique.
La première tentative fut de mettre en évidence « l’héritage religieux » (sous-entendu : chrétien), au moment des débats sur la Charte des droits fondamentaux.
Ensuite, les tenants d’une religion d’État ont essayé de faire reconnaître les « racines chrétiennes de l’Europe » dans le Traité constitutionnel.
Aujourd’hui, Malte se fait le porte-parole du Vatican au sein de l’Union européenne.

Et cette proposition manifeste un mépris pour tout ce qui n’est pas catholique : qui sont, en fait, la majorité, ils n’ont que le droit de se taire, bien heureux que l’on ne rallume pas pour eux les bûchers de l’Inquisition.

Enfin, cette proposition entretient l’imposture que constitue la reconnaissance du Vatican comme un État souverain.
Ce pseudo-État n’est, en fait, que le support de l’ingérence du spirituel dans le temporel, en contradiction avec les « Écritures », qui demandent de rendre à César ce qui est à César, et en opposition avec la sécularisation de nos sociétés.
Au-delà de ces éléments factuels, ce qui est le plus scandaleux, c’est le mépris que les « élites » européennes auto proclamées manifestent pour les citoyens européens.
En fait, ces élus ne nous font pas confiance : ils vont chercher dans une transcendance, reconnue par une minorité, les facteurs de l’union et du dynamisme des peuples.
S’ils faisaient confiance aux hommes et aux femmes de l’Europe, c’est dans l’humanisme, dans l’union des humains autour de valeurs élaborées en commun, qu’ils chercheraient les forces propres à faire vivre l’union.
Une fois de plus, ils nous offrent le spectacle du combat de la « transcendance d’une vérité révélée » contre l’humanisme d’une vérité qui serait partagée, parce que construite par l’échange entre tous les citoyens.
Nous avions cru que l’Europe était fille des Lumières…

Les différentes décisions des instances européennes nous ont démontré que l’Europe est, avant tout, du moins de leur point de vue, un outil au service du marché.
Nous connaissons maintenant le véritable dessein des maîtres de l’Europe : en faire un outil d’asservissement des consciences, et de négation de l’humanisme.
Pourtant, nous savons tous qu’une Europe unie est le meilleur garant de la paix, et de la concorde entre les peuples.

Pour nous, citoyens de la République Française, il nous reste à voir si notre Président de la République sera capable de mettre ses discours en actes.
Il est habituellement prolixe sur la question de la laïcité
Nous attendons que, par loyauté vis-à-vis de la Constitution et de l’Article 1° de la loi de 1905 (« la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte »), il refuse de participer à cette mascarade ?

Didier MOLINES

Voir en ligne : EURACTIV.FR