Gérard Delfau "Quelle que soit l’issue des débats actuels."

, par Gérard DELFAU

La semaine du 9 décembre 2020 restera un moment important dans l’histoire de la laïcité. En effet, comme l’avait annoncé le président Macron, le gouvernement a déposé un Projet de loi « confortant les principes républicains », afin de répondre aux désordres, aux crimes et aux attentats engendrés par l’islam politique.

Cette initiative a suscité une violente opposition. Elle a fédéré une coalition hostile, englobant les partisans des « accommodements raisonnables », façon Baubérot, les nostalgiques d’un ordre ancien fondé sur l’Église catholique, et toutes les variantes de l’islamo-gauchisme, de Médiapart au Parti des Indigènes de la République, sans oublier la Ligue des Droits de l’Homme et la Fédération nationale de la Libre Pensée. Curieux assemblage… Je n’aurai garde d’omettre le silence prudent du Parti socialiste, la réaction très négative de la France insoumise, du Parti communiste, de nombreux Républicains, mais pas tous, ainsi que le rejet par principe de l’extrême droite.

L’on me dira que c’était attendu. Sans doute, mais quelques-unes de ces prises de position sont tout de même étonnantes, comme celle du journal Le Monde, qui titre en première page : Islamisme, séparatisme : l’offensive payante des « laïcards ».

Si le sujet n’était pas aussi grave, je trouverais cocasse que ce journal issu du MRP prétende distinguer les bons et les mauvais « laïques », et range, parmi ces derniers, Élisabeth Badinter, Caroline Fourest, Manuel Valls, Laurent Bouvet, Gilles Clavreul, les dirigeants du Grand Orient, et bien d’autres, dont je m’honore d’être.

De la même façon que, dans une tribune publiée par Libération, nous sommes appelés : « Les forcenés de la République ». Rien que ça…
Mais, au fond, ces excès me rassurent : ils montrent que l’objet du Projet de loi répond à une attente de l’opinion publique et que les temps sont venus d’une application plus exigeante de la loi de Séparation des Églises et de l’État.
Plusieurs raisons rendent nécessaire ce tournant politique : tout d’abord, bien sûr, il faut contrôler les circuits par lesquels s’infiltre l’islamisme et prévenir ainsi, autant que faire se peut, la répétition d’actes terroristes. Mais il faut aussi réimplanter, dans certains territoires pauvres et communautarisés, les modes de vie de notre société démocratique et, notamment, garantir la dignité et l’égalité des droits pour les femmes, que des pratiques inspirées par la charia mettent à mal.

Dès lors, comme en 2004, au moment de la loi sur le Voile, j’ai décidé de prendre position : oui je soutiens le projet de légiférer pour « approfondir les principes républicains ». Et j’ai apprécié le commentaire qu’en a fait, dimanche, Marlène Schiappa, Ministre en charge de la Laïcité. Mais je le fais à deux conditions : que le texte de loi concerne explicitement toutes les religions, et pas seulement l’islam, conformément à l’esprit de la loi de Séparation des Églises et de l’État, dont le pluriel vaut avertissement. Et je demande, en outre, que la dimension sociale ne disparaisse pas du projet de reconquête politique de ces « territoires perdus de la République ».

Or, pour l’instant, c’est le néant. Où sont les moyens financiers destinés à réduire la fracture sociale qui nourrit cette tentation de sécession, au nom de l’islam ?
Comme le sujet est décisif, j’ai voulu y consacrer la Une de notre site, que gère admirablement et de façon militante, Pascal Hocante. Nous sommes au début d’une discussion parlementaire qui sera longue. Nous prendrons le temps qu’il faudra pour en exposer les diverses étapes, les éclairer, et donner notre point de vue sur les choix à faire.

Gérard DELFAU
15 – 12 – 2020

Voir en ligne : Gerard-Delfau-Oui-il-faut-legiferer-pour-conforter-les-principes-republicains

Gérard Delfau : "Oui, il faut légiférer pour conforter les principes républicains". - Débats laïques